Et il l'avait laissée à elle-même. Seule. Pas un mot de plus sur ce qu'elle devait accomplir ni sur la raison qui l'avait poussé à la faire "revenir d'entre les morts", comme le disaient si bien ces humains. Étrange, il ne savait que peu de choses sur elle, sur sa vie passée, pourtant se pourrait-il qu'il... se soit "attaché" à elle et en si peu de temps ? Si ce n'était pas le cas pourquoi ses pensées s'orientaient encore vers elle ? Une impression qui fit comme écho à son esprit. Aucun mot ne semblait correspondre à ce qui se produisait en lui, lui qui progressivement pensait être devenu un maître en ataraxie. Tout cela lui remuait les tripes, pour le peu qu'il en ait.
Il souria à lui-même tout en faisant mine de se gratter la tête.
*
Bah, j'ai dû manger un truc pas frais. *
C'est sur cette pointe d'humour solitaire, son sceptre négligement câlé sous un de ses bras, que Walgar arriva au pied d'une vieille bâtisse.
Il avait neigé une bonne partie de la nuit. Un brouillard ondulait de façon éparse autour du manoir tel des remparts. Et que pensait-il à ce moment ? Tout bonnement qu'il n'y avait rien de plus admirable en ce monde que ce qui se trouvait devant ses yeux... Réflexion faite, il y avait plus angélique.
Il leva le visage vers les cieux de ce milieu de nuit.
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La nuit est déjà là. Je ne l'avais pas vu venir. Le ciel... Ce ciel, rempli d'étoiles à tel point que j'ai l'imtime conviction de les voir bouger. C'est... Je ne sais pas, "beau", tout simplement.Mort, il l'était depuis longtemps et pourtant ces yeux là avaient la faculté de voir ce que la plupart des êtres vivants -dont les êtres humains- ne voyaient pas ou ne prenaient bêtement plus le temps de remarquer et d'observer ne serait-ce que pour quelques secondes. Ces mêmes secondes que Walgar espèrait voir se transformer en heures.
Là-bas, doucement, des vapeurs prenant peu à peu la forme de nuages, se mêlaient à ce balet céleste. Et là un écho lointain de voix féminine arriva de sa mémoire.
« Vois comme les nuages sont beaux aujourd'hui, mon amour. Ce blanc sur ce gris... Les vois-tu ? »
Avait-il rêvé ? D'où venaient ces mots ?... Pourquoi ?
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Ne te creuse pas trop le crâne avec ça. Je t'ai connu moins sentimental. Qui plus est c'était une simple manière de te saluer et de te taquiner... mon vieil ami.Le comte Dretch'Hor -du moins son spectre- avait parlé, les bras tendus et le sourire jusqu'aux oreilles.