Caldarion, membre du Coeur des Neuf et Séraphins entra dans le tribunal et se mit devant le siège à gauche du trône d'Oromë.

"Je déclare ouvert une nouvelle session du Tribunal de la Sainte Inquisition Angélique. Faîtes entrer l'accusée!"

Natalya Himura entra dans la salle, encadrée par vingt gardes.

"Le Tribunal de la Sainte Inquisition Angélique sera dirigé par le Grand Inquisiteur Oromë."

L'Archange pénétra dans la salle, vêtu d'une toge blange portant un liserait de pourpre. Il jeta un regard dans la salle : profonde de quarante pas pour trente de large, elle était bâtie sur deux étages. Le quart du fond était occupé par les membres du tribunal, le second par la garde entourant l'inculpée, le reste étant des bancs où étaient installés des anges. A l'étage, une galerie entourait toute la salle et des arbalétriers d'élite s'y étaient installés.

Oromë avait senti le danger et avait appelé des troupes en renforts : la cité était en état de siège, sa garnison de 3000 anges dont 1500 guerriers d'élite se préparaient à une attaque, le pont levis avait été relevé, les champs de force activés...L'Archange ne voulait pas qu'on le prive de cette victoire.

"Inculpée. veuillez vous avancer et décliner votre identité."

Natalya, qui n'avait pas tourné la tête à l'entrée d'Orome, avança d'un pas et clama d'une voie forte:

-Je suis Natalya Himura, fille de Seraphis et Estelle anges Periguayens, héritière du domaine de Vithil, créatrice du royaume de Nelendark.

L'ange noire sentait tous les regards tournés vers elle mais ne s'en occupait pas. Elle avait vu les arbalétriers à l'étage et était consciente des gardes qui l'entouraient. Elle se contentait de fixer Caldarion d'un regard qui aurait mis mal à l'aise n'importe quelle créature de Dieu...

Caldarion resta de marbre. Toute sa vie, on lui avait apprit à masquer ses sentiments, et nul ne savait lire en lui la colère quand son coeur grondait ni sa joie quand un hérétique brûlait.

Lentement, il se leva.

"Natalya Himura, vous êtes accusée de trahison envers Dieu, d'hérésie et d'agression sur un haut représentant de Dieu."

Il se rassit et déclara :

"La parole est au haut juge de cette Cour, le Grand Inquisiteur Oromë."

L'Archange se leva encore plus lentement de son siège après avoir réfléchi quelques instants.

"Natalya Himura. Voici l'énoncé précis des faits qui vous sont reprochés. Ecoutez les précisement.

-Trahison envers Dieu en ayant permis aux démons de s'emparer du Vithil : vous avez ouvert les portails.
-Hérésie : vous déclarez ne pas vénérer Dieu.
-Agression sur un haut représentant de Dieu : vous avez tenté de tuer Oromê, Archange du Combat et Poing de Dieu."

L'Archange marqua une pause.

"Ce tribunal est réuni pour décidé si ces actes sont réellement ou non votre fait, et s'ils le sont, la sentance qui devra être appliquée.
Avez vous des objections ou des témoins à appeller pour votre défense?"

Natalya avait écouté sans rien dire les accusations de Caldarion mais lorsque ce fut au tour d'Orome de prendre la parole, sa haine envers lui resurgit. Sans rien laisser paraître, elle l'écouta tout en le fixant.

Citation :

Avez vous des objections ou des témoins à appeler pour votre défense?

-Des témoins j'en aurais si je voulais mais je ne veux pas entraîner de nouveau des êtres chers dans une de ces folies angéliques. Je n'ai donc pas de témoin présent mais j'accepterais l'aide de quiconque voudra m'en donner.
Quant aux objections, j'en ai une: J'ai peut-être tenté de tuer l'Archange Orome dit "Poing de Dieu" mais j'invoque le droit que chaque individu possède et qui est le droit de légitime défense.
Orome a tenter de me tuer le premier.

Sur cette grave accusation, Natalya se tue et toujours fixant l'Archange, tentais de lui faire comprendre que s'il avait fait du mal à Aldarion lors de sa capture, elle n'hésiterais certainement pas à réitérer sa tentative d'assassina.

"Greffier, notez l'objection."

Oromë regarda l'accusée d'un regard étrange...comme s'il sentait un danger...pas mortel...un danger de voir sa proie lui échapper.

"Bien, vous reconnaissez donc avoir délibérément, en pleine possession de vos moyens et volonté, ouvert le portail du Vithil, permettant ainsi aux démons d'envahir une de nos plus belles cités, causant la mort de milliers d'innocents, forçant les forces d'Eden à mobiliser deux armées pour reconquérir la ville.
Etes vous biens sûr que vous n'avez subie aucune pression du Malin vous poussant à commettre cet acte?"

Oromë claqua du poing sur la table.

"Accusée, répondez à mes questions? A moins que vous ne désiriez que nos Inquisiteurs vous force à répondre?"

Citation :

Etes vous biens sûr que vous n'avez subie aucune pression du Malin vous poussant à commettre cet acte?

Natalya venait de tourner sa tête vers les Anges présents dans l'assemblée distraite une seconde par les murmures qui s'étaient élevés au rappel des milliers d'innocents tués à cause de l'ouverture de la porte.
Orome tapa du poing sur sa table et réclama une réponse à sa question.
Natalya replongea ses yeux dans les siens et sourit l'air insolente:

-Je n'ai pas besoin de l'aide du Diable pour ouvrir une simple porte.

Caldarion se leva tranquillement de son siège.

"Ma fille, te rends tu compte de la gravité de ton affirmation? Désires tu que nous invoquions le passé pour en être assuré?"

Oromë le foudroya du regard mais le Séraphin de l'Inquisition soutint cet air tueur. Il voulait bien brûler tous les hérétiques de la terre, mais seulement les hérétiques.

Caldarion s'était levé et Natalya avait bien vu le regard noir d'Orome. L'ange noire s'adressa à Caldarion en le regardant brièvement avant de jeter un regard accusateur sur Orome.

-Invoquer le passé... Je ne pense pas que cela soit utile avec moi puisque vous ne le faites déjà pas avec les votres...
Tous ! Tous me considérez comme une hérétique, une traitresse qui doit être châtiée mais vous savez que dans vos lois "parfaites" certains points de la vie de ceux qui se disent grands parmis vous n'ont jamais été complètement dévoilés voire cachés.

Regardant l'assemblée des juges et puis des spectateurs, Natalya s'était soudain adressée à tous ceux qui étaient présents dans le tribunal. Revenant sur Caldarion, Natalya parla toujours d'une voix forte:

-Pour en revenir à votre question, oui je me rend compte de la gravité de mes actes. J'ai bien ouvert la Grande Porte mais je ne pense pas que le Malin m'y ai poussé. Il ne m'est jamais apparu, que ce soit face à face ou en rêve...du moins…je le pense…

Oromë avait réduit en poussières la plume qu'il tenait dans la main lorsque Natalya l'avait accusé.

Caldarion, lui, gardait son calme.

"Mon enfant, penser et savoir sont deux choses différentes. Et nous ne pouvons te juger de manière impartiale (Caldarion avait appuyé sur ce mot en regardant Oromë) sur des pensées...
Le démon peut prendre de nombreuses formes et beaucoup se sont laissés abuser, pensant faire le bien. Un attirance pour un acte, une petite voix dans l'esprit, un amant...Voici quelques unes des formes du Malin.

Je repose ma question : es-tu sûre de ne pas avoir été soumise au Malin? As-tu agi de ta propre volonté lorsque tu as ouvert le portail?"

Eroher continuait de suivre la conversation, caché derrière plusieurs Ange. Il observait Natalya. Après plusieurs minutes, il dit :

Je vais retrouver Narnia...

Natalya vit Eroher se lever et partir. Elle parue perdue dans ses pensées un bref instant puis répondit:

- J'ai ouvert le portail par deux fois... Je n'étais pas conduite par le Diable la première fois: j'étais jeune et inconsciente... J'en ai beaucoup souffert...
Disant cela dans un demi-souffle, Natalya reprit:...et c'était pour trouver la clé de cette souffrance que j'ai ouvert la Porte du Vithil une seconde et dernière fois. Je voulais savoir...je voulais savoir qui était cette ombre...

Natalya s'arrêta soudain dans ses explications chaotiques. Elle n'avait pas été poussée par le Malin puisque jamais elle ne le rejoindrait. Elle avait quitté Dieu, certes, mais elle ne deviendrait jamais un démon. Elle fit d'une voix plus assurée et même brutale:

- Les faits sont là: J'ai ouvert la Grande Porte, de mon plein gré, sans avoir été poussée par celui que je haïrais toujours. Je n'ai pas non plus été poussé par celui que j'ai quitté. Mon acte a été dirigé par moi et par moi seule. Si j'ai été influencée inconsciemment, alors c'était par les deux puissances à la fois.

Oromë sourit...Il avait enfin sa victoire...

Caldarion se rassit, il se sentait mal...l'impression de commettre une injustice.

"Greffier. Veuillez notez qu'à l'accusation de trahison ayant causé la mort de milliers de citoyens angélqiues, l'accusée à répondue coupable sans circonstances atténuantes."

Natalya vit Oromë sourire. Tournant ses yeux noirs vers l'Archange, un sourire ironique se dessina sur ses lèvres:

- Ne t'emporte pas trop vite esclave de Dieu, ma mise à mort n'a pas encore été proclamée et la justice ne t'épargnera pas malgré ton rang.

Se tournant vers Caldarion, l'ange noire résuma:

- Vous m'accusez d'avoir ouvert la porte du Vithil, je ne nierais pas mon acte. Vous m'accusez aussi d'hérésie...je n'ai jamais signé d'accord avec le Diable et ne l'ai même jamais vu ni entendu mais, si vous considérez comme hérétique un ange qui a quitté Dieu, alors je suis une hérétique à vos yeux. Vous m'accusez encore d'une chose: avoir attenté à la vie d'Oromë l'Archange du Combat dit "Poing de Dieu". Je ne nierais pas que j'ai bien essayé de le tuer mais n'avons-nous point le droit de se défendre ? Oromë est aussi meurtrier que je suis déchue et je n'ai fais que répondre à son attaque.

Natalya se tue soutenant le regard de Caldarion et ignorant la présence d'Oromë à ses cotés.

Oromê se dressa d'un bond

"N'inverse pas les rôles, déchues! Je suis le juge, tu es la coupable! Ce tribunal est là pour te juger et rein d'autre!"

Citation :

Ce tribunal est là pour te juger et rien d'autre!

Natalya regarda froidement Orome:

- Seule la vérité peut te faire peur ainsi...

"Rien ne me fais peur, déchue! Je suis en paix avec mon âme. Ce que je fais n'est que justice. Oses dire le contraire!"

Oromë fulminait. Terminant sa phrase, il avait pointé un doignt accusateur sur la déchue.

-Tu es loin d'être en paix avec ton âme Orome. Dois-je, devant toute cette assemblée, parler du Maître des colères qui t'habite ?

Au regard d'Orome, Natalya su qu'elle avait franchit une frontière que nul n'avait encore jamais osé traverser de la sorte.

-Ton âme n'est pas aussi pure que tu le prétends et tes actes ne sont guidés que par ta haine envers ceux que tu juge souvent hâtivement.
Tu traque les démons, mais tu en es la moitié d'un.
Et si, par quelques moyens, tu arrive à voiler cet aspect de ta personne aux yeux des anges qui t'entourent sous une étoffe d'heroisme et de foi divine, d'autres ne sont pas aussi dupes qu'eux.

Plusieurs exclamations s'élevèrent de l'assemblée et parmis les juges, plusieurs se levèrent consternés par l'assurance des paroles insultantes de la déchue.
Caldarion, qui paraissait fatigué, fronça les sourcils et dévisagea l'ange noire comme pour tenter de lire sur sa peau quelques signes montrant qu'elle était ou non dans le mensonge afin de trouver un échappatoire.
Mais le visage de Natalya restait de marbre.

Oromë s'agrippa au bord de la table...une seconde il eut envie de sauter sur la déchue, de lui arracher ce coeur pourri de ses propres mains...Il tenta de se calmer...elle payerait, il se le jura intérieurement.

"Tu accuses, mais tu ne prouves rien, Natalya! Tu parles de choses qui te dépasses, d'autres qui sont fausses, tout droit sorti de ton esprit nébuleux! C'est bien là l'attitude d'un coupable qui tente de s'en sortir comme il peut. As tu compris que la mort est ta punition."

Caldarion se leva, rouge de colère.

"Archange, le tribunal n'a pas encore condamné l'ange Himura
-Elle n'est plus ange. Elle ne le sera jamais plus! Ce n'est qu'un rebus démoniaque!"

Caldarion regarda Oromë droit dans les yeux.

"En ma qualité d'ascesseur, je suspends la scéance pour l'instant. Elle reprendra demain. Gardes, emmenez la prisonnières dans sa geôle. Triple garde pour assurer sa sécurité. Nul autre que moi n'aura le droit de s'approcher d'elle. Je m'occuperai moi-même de son repas."

Oromê eut l'air outré. Il s'approcha de lui. Il fut discret malgré sa colère...

"Pour qui te prends tu, Caldarion. Je suis le Poing de Dieu et toi, Séraphin, tu oses mettre mon honneur en doute, tu oses sous-entendre que je serais capable de ne pas attendre le verdict ? Fais attention à toi, Caldarion, ne t'oppose jamais plus à moi.
-Je suis mandaté par Dieu en tant que haut Ascesseur. J'ai le droit d'interrompre une procédure si je le juge nécessaire. Et c'est le cas."