La taverne de Briskel, la fameuse taverne de la fameuse capitale de la fameuse contrée Nelendark...Oui, c'était ici que se retrouvait une nouvelle fois Draken, prince exilé des terres du sud, voleur de métier et d'ambitions, coureur de jupons à ses heures et noble personnage de coeur.

Il était accompagné comme toujours de ses deux acolytes, Gros Jean un moine aussi sobre qu'un baril de bière et P'tit Rat un fouineur aussi intelligent qu'une besace vide.

Disparus de la vu des miliciens, des petites sorcières et des Elfes en tout genre depuis presque un an, ils avaient refait surface en cette fin d'après-midi.
Chevauchant chacun un destrier magnifique (sauf Gros Jean qui avait absolument voulu un âne), ils étaient réapparus à Briskel après une escapade dans la nature ou dans une contrée voisine...
Remarquez, ils n'étaient connus que de quelques aventuriers et n'avait pas eu le temps de se faire remarquer dans les parages à part peut-être à la taverne par les soiffards et la tavernière, au marché par les commerçants volés et dans la forêt par une certaine sorcière mauve...Ici leur réputation n'avait fait que quelque jours avant que la ville ne les ait oublié.

Aussi Draken et ses amis avaient attaché solidement leurs montures et payé honnêtement un gardien avant d'entrer et de commander trois bolées. Leurs habits les faisait un peu sortir de l'ordinaire: Gros Jean portait une bure brune mal entretenue surmontée d'une cape de la même facture, P'tit Rat ressemblait tout simplement à un clochard qui ne se souci pas le moins du monde de son apparence et Draken portait des vêtements simples mais de très bonne qualité et son manteau était étrangement bordé de fourrure.
Ils semblaient tous les trois sortit d'un conte de chevalerie dans lequel ils s'étaient fait mercenaires. Oui, ils ressemblaient à des mercenaires.

Tranquillement assis, ne se préoccupant pas des regards curieux, ils sirotaient leur bolée d'un air joyeux.

- Haaa Nous voici de retour dans la ville! Quel bonheur!
- Oui oui, répliqua P'tit Rat à son chef, C'est actif, c'est riche, c'est facile...
- La boisson ne manque pas moins ici! rit le moine.

Draken croisa les jambes et, le nez dans sa bolée, regarda d'une manière circulaire les lieux.

- Hum...tout a plus ou moins changé depuis le temps...Le pays s'est reconstruit!
- Tant mieux pour nous! s'exclama Gros Jean.
- Oui, oui, c'est sûr, tant mieux pour nous...ajouta P'tit Rat

Un moment de silence sembla peser à Gros Jean qui reposa son bol vide sur la table.

- Allon Draken! Tu ne va pas nous dire que c'était vraiment pour la retrouver que tu nous as ramené ici?! Je pensais que c'était une blague!
- J'ai l'air de rigoler? fit l'intéressé en question le regard dur.
- Holalala! s'exclama le moine en se reculant sur sa chaise. J'y crois pas! Hahaha!

Draken tourna le regard sur la salle ignorant son ami.
Oui, il était revenu la voir...Kitty, c'était le nom dont il se souvenait. Une jeune femme...
Il ne l'avait pas oubliée et maintenant, après des mois et des mois de quêtes, de vols et de stratégie avec son père, il était là pour la retrouver.

La porte de la taverne s'ouvrit et comme bien souvent, les soiffards ne remarquèrent pas la nouvelle présence. Depuis bien longtemps les suspicions envers les nouveaux arrivants s'étaient atténuées même si la haine que pouvaient soulever certains inconnus était encore bien présente.

Emmitouflé dans un manteau rapiécé, capuche devant les yeux, le badaud arrivant se dirigea vers le comptoir bondé. Il n'y avait plus de tabouret disponible et il était presque impossible de s'approcher du tavernier, campé derrière qui s'afférait sans relâche a servir bière et hydromel.
La personne s'approcha au plus prés de la petite meute de saoulard et attendit. Quelques secondes après, le premier homme à se trouver devant elle se poussa sur le coté et la laissa passer, ce qui arriva aussi a tous les autres se trouvant sur le chemin qui séparait le nouvel arrivant de l'aubergiste.

Une voix suave s'éleva de la capuche rabattue.

-Une bolée de votre meilleur hydromel je vous pris.

Certains parurent éberlués d'entre la voix mélodique d'une femme derrière ce tableau qui paraissait pitoyable.
Sans se soucier du regard de ceux qui l'entourait, la femme se tourna et se dirigea vers une table adjacente a l'une des fenêtres qui faisait rentrer la lumière dans la taverne.

S'asseillant, elle attendit qu'on lui ramène sa boisson. Ceci fait, elle porta la bolée a des lèvres charnues et aussi rouges qu'une fraise sauvage. Poussant un soupir d'aise, elle laissa glisser son manteau de ses épaules et enleva sa capuche, montrant a tous quelle beauté elle était.
Ses cheveux ondulés avaient d'étranges reflets violet, son corps n'était que formes parfaitement dessinées qui auraient pu faire détourner le regard d'un moine de son dieu éternel. Son regard, étrangement hypnotique balaya la salle.

-... Toujours autant d'effet, se dit-elle, c'est tellement agréable...eheh!

Tandis que Draken et ses deux acolytes discutaient des nouveaux apports de marchandises prévus sur les quais et venant des contrées voisines (sujet lancé par Draken pour détourner la conversation de Kitty), un nouvel arrivant entra dans la taverne sans se faire remarquer au premier abord. Les trois amis furent aussi peu attirés par sa présence que les autres clients et continuaient leur débat pour savoir quand est-ce que leur heure viendrait pour s'emparer de quelques richesses au niveau des quais.

Soudain, l'atmosphère de la taverne changea et P'tit Rat fut le premier à remarquer ce qui n'allait pas. Il pointa du doigt, discrètement, l'encapuchonné qui demandait une bolée d'hydromel au tavernier. Oui, il y avait quelque chose d'étrange dans ce personnage...

Gros Jean, Draken et P'tit Rat l'observèrent alors d'un même oeil suspicieux et inquiet. La voix féminine, suave et envoutante, leur parvint et ils frissonnèrent. Quelle beauté fatale se cachait donc derrière ces guenilles? Intrigués, il suivirent la divine créature du regard et furent autant surpris que les autres clients de voir une femme merveilleuse s'asseoir, attendre et commencer à siroter son hydromel.

Les sourcils froncés, Draken ne comprenait pas ce qui le gênait dans cette beauté...Il ne pouvait pas l'expliquer mais il était en train de se dire qu'il l'avait déjà vu quelque part et son souvenir n'était pas une de ces impressions de bien-être qui suivaient certaines de ses nuits accompagnées...
P'tit Rat aussi semblait perturbé et il remuait nerveusement une jambe sous la table, ce qui soit dit en passant énervait fortement son chef. Gros Jean lui trouvait qu'il y avait quelque chose de suspect dans cette femme mais sans plus. Il songeait bien plus à reprendre une bolée et à aller lui en proposer une gorgée...

Draken prit la parole le premier. Il se pencha vers ses coéquipiers et chuchota:

- Drôle de femme! Elle doit venir d'une contrée que l'on ne connait pas...Je propose que l'on s'éclipse...Gros Jean tu as fini?
-...muoi...heu..moui...oui chef.
- Alors on y va! Ce lieu me rappelle trop de mauvais souvenirs et ce n'est pas en restant assit qu'on retrouvera Kitty.

Sur ce, Draken se leva sans faire grand bruit. Il jeta sa cape bordée de fourrure sur son dos et s'apprêta à quitter la taverne. Ils reviendraient mais pour le moment il fallait qu'il interroge quelques soiffards dehors.
Et puis l'arrivée de cette femme le mettait réellement mal à l'aise...

La jeune beauté ne bougeait pas. Tout dans son maintien évoquait la grace. Elle regarda les trois badauds se diriger vers la porte et eu un petit sourire moqueur. Sa mémoire de magicienne ne la trahissait pas, c'était Draken qui se trouvait sous ses yeux, l'homme qu'elle avait forcé a faire son ménage dans la batisse qu'elle habitait... et qu'elle avait embrassé sous la forme d'une vieille et laide femme aux dents pourries.
Elle sentit aussi l'aura d'un gobelin et ne tarda pas à le voir émerger de sous une nappe. Celui-ci aussi elle le connaissait bien, il avait été changé en trés joli chérubin il y avait de cela un an. Se souvenait-il d'elle? Et cette attaque...comprenait-il ce qui risquait d'en resulter...
La sorcière leva le doigt et le fit tournoyer dans les airs. Tous les projectiles dont elle était visée s'évaporèrent en un instant. Elle tourna alors la tête vers la créature et pointa son doigt sur lui:

-Je serais toi, je ne me ferais pas trop remarquer... A moins bien sur que tu ne tienne a te retrouver avec les jolies gambettes épilées de la plus jolie des femmes!

Mephalda se leva et domina le gobelin de toute sa hauteur, se faisant plus menaçante. Elle n'avait aucune envie de se remarquer mais maintenant il était trop tard.

-Retourne roder parmis les jambes velues des soiffards avant que je ne me fache!

Draken, qui s'éclipsait discrètement avec ses acolytes, allait franchir la porte de la taverne pour sortir lorsqu'il y eu un certain remue ménage qui attira son regard et l'arrêta dans sa démarche.
Il vit alors un Gobelin se précipiter sur al magnifique femme étrange et lui jeter des ordures dessus. Sur le coup, choqué de cet acte, il posa sa main sur son Katar prêt à lui apprendre les bonnes manières mais la femme se leva et fit disparaître les ordures de manière...magique, oui il n'y avait pas d'autre mot ni d'autre explication. Cette femme était magicienne ou pire: sorcière!

P'tit Rat cria en montrant du doigt le Gobelin tandis qu'il se faisait réprimander.

- Haaa mais c'est l'empoisonneur!! Nannn!

Il agrippa la cape de son chef.
Ce dernier jeta un regard à Gros Jean et, se dégageant de P'tit Rat en lui posant une main sur l'épaule, il sortit son Katar et se dirigea d'un pas guerrier vers la sorcière et le Gobelin.

- Ne t'avais-je pas dit, raclure, que tu périrais de ma main un jour...?

Au fond de lui, Draken était réellement motivé à tabasser la répugnante créature tant la rancoeur était forte chez lui (après tout il avait failli tué P'tit Rt et c'était à cause de lui qu'il avait du courir dans toute la capitale à la recherche d'un médecin et qu'il avait rencontré Mephalda une sorcière fourbe qui l'avait traumatisé.
Cependant, conscient à présent de l'identité, ou du moins supposant qu'il avait découvert l'identité de la jeune femme, il ressentait une peur au fond de ses entrailles qui le tenaillait. Si cette femme était Mephalda, la sorcière en question, et si lui était bien le Gobelin empoisonneur, c'était certain: sa journée était foutue.

Tout euphorique, le gobelin ricana moins fort lorsqu'il se retrouva suspendu dans les airs, la tête en bas. Il poussa un cri de surprise puis se mit à râler et à pester en gesticulant dans tous les sens. La sorcière le libéra alors, et il tomba sur le sol avec un bruit matte, jambes par dessus la tête. Il se redressa aussi vite qu'il le pu, et alors qu'il se dirigeait vers la sortie, il heurta son énorme patate de nez contre le genoux de Draken.
Il se retrouva assis par terre, levant les yeux il reconnu celui dont il s'était bien moqué un an auparavant.
On aurait pu croire que ses yeux allaient tomber de ses orbites tant il écarquilla les paupières. Décidément, son besoin de casser les pieds aux gens restait plus fort que son instinct de survie. Il tenta de s'échapper vers l'arrière de la taverne, levant avec toute la délicatesse et la souplesse dont peut faire preuve un gobelin, son popotin dodu.

-Vite petites gambettes, courons loin d'ici! Ca chauffe un peu trop!!