Aldarion ouvrit les yeux. La douleur de sa tête sembla se répandre dans son corps et il grogna dans un demi-sommeil. Il tentait de se réveiller et, lentement, il sentit ses membres se remettre sous son contrôle.
Il serra le poing gauche pour sentir ses forces: il était bien faible...

L'Elfe sentit soudainement une odeur de brûlé et réalisa avec horreur que c'étaient ses draps qui s'étaient enflammés. Il n'arrivait pas à bouger ses jambes, il n'arrivait pas à tourner la tête et ses yeux virent les flammes tout prêt de son visage. Son coeur s'était accéléré et sentant la panique le gagner, il s'agita les yeux affolés.
Il entendit une porte s'ouvrit et une formule magique incantée. Les flammes s'éteignirent et il vit se pencher au-dessus de sa tête le visage d'un homme âgé. Ce dernier avait l'air intrigué et inquiet. Il lui ferma et lui rouvrit les yeux avant de soupirer.
Combien de fois Aldarion avait-il vu ce visage ? C'était la troisième fois qu'il rêvait de cela...Mais était-ce un rêve ou bien la réalité ? Cette fois il était bien réveillé et il ne replongea pas dans un sommeil sans rêve.

- ....... ...rion ? ......tendez-vous ?

Aldarion tenta de se calmer et de comprendre ce que lui disait l'homme. Ses mots se perdaient dans un brouillard qu'il n'arrivait pas à écarter.
L'homme passa sa main au-dessus de ses yeux et l'Elfe se rendit compte qu'il voyait maintenant plus nettement son visage ridé: sa vision était donc floue auparavant ? Comme dans un rêve, il avait pensé que c'était ainsi la réalité: tout floue mais si normal.

- Seigneur Aldarion ?

Il avait bien entendu cette fois-ci la voix douce et emplie de sagesse du vieil homme. Il tenta d'articuler quelque chose mais sa voix resta bloquée.
L'homme lui versa dans la bouche quelque chose de froid et il sentit ses yeux se refermer...

Aldarion se réveilla en sursaut. Cette fois, il réalisa qu'il s'était redressé jusqu'à s'asseoir dans son lit. Une flamme rongeait le tissu blanc au niveau de sa main gauche et il eu le réflexe de souffler dessus pour l'éteindre. Il regarda ensuite cette main et vit que sa peau, qui avait pris une apparence sombre et charnue, redevenait lentement normale.
Il laissa ses yeux parcourir la pièce dans laquelle il était. Ici une étagère remplie de livres et grimoires, là un bureau et à côté de son lit une petite table de chevet sur laquelle reposait Astaroth l'épée magique qu'il avait hérité de son père.
C'était la présence de cette étrange épée qui déclenchait chez lui cette réaction de métamorphose. Elle avait la particularité de permettre à son porteur de se changer en une sorte de golem du feu. Loin d'être absurde, cette particularité pouvait être bien utile en guerre...
La guerre ! Il fallait qu'il y retourne ! Depuis combien de temps était-il ici ? Et pourquoi ?
La réponse à sa question fut bien douloureuse: son flanc était bandé et à semi refermé mais lorsqu'il se leva, la douleur fulgurante l'obligea à s'accroupir en appuyant sur sa blessure et en se tenant à son lit.

La porte s'ouvrit et un Mage se précipita vers lui pour l'aider à se relever.

- Seigneur Aldarion ! Votre plaie n'est pas entièrement réparable par magie ! Il faut que vous gardiez le lit !

Le regard que lui lança l'Elfe était sans équivoque: il refusait catégoriquement de se rallonger.

- Vous ne pouvez pas y retourner. Votre épée vous a sauvé la vie, et heureusement que Proméus l'a emporté avec vous sinon vous seriez certainement mort à l'heure qu'il est !

Aldarion se souvint alors d'un des fabuleux avantages d'être golem: le corps se régénérait bien plus vite qu'un être ordinaire. Il avait eu de la chance que ce soit son flanc gauche qui ai subit la morsure de la lame ennemie: il ne pouvait être golem que cette moitié du corps...

- Kendra...murmura-t-il les yeux dans le vide.

Oui c'était elle qui l'avait blessé il s'en souvenait maintenant ! Brusquement il se dégagea du Mage et attrapa son épée.

- Il faut que je prévienne Natalya !
- Seigneur !

Mais Aldarion courait déjà de manière gauche vers la sortie porté par la haine et le courage. Le Mage le suivit et au moment où il le rattrapa, plusieurs cris leur parvinrent. La terreur, la douleur...quelque chose d'horrible se passait dehors.
Ils sortirent pour voir que la cité elfique était en flammes et que partout les guerriers tentaient de sauver les gens qui s'occupaient des soldats en ce lieu pendant que les Mages évacuaient les blessés des maisons de soins et tentaient d'arrêter les flammes.

Aldarion savait qu'il ne pouvait rien faire pour le feu et, même s'il pouvait aider au péril de sa vie quelques Elfes, il n'avait qu'une chose en tête, prévenir Natalya du retour de Kendra avant qu'elles ne se rencontrent dans un choc meurtrier.
L'Elfe s'enfuit donc travers bois les mains luisantes de son propre sang: sa blessure s'était rouverte et ses bandages en étaient imbibés.

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