« Ecouter la rengaineuh, des elfeuhs qui saigneuh, mes amours sont vaineuhs »

Elle revenait souvent près de cette rivière pour aller surveiller les vers à soie qui avaient élu domicile près de la grande mare des moustiques suceurs de bêtes de nez de gorilles enchantés.

Du bout des ailes, elle effleurait l’air et chantonnait le grand drame de sa vie d’un air aussi guilleret que si elle était tombée tête la première dans une barrique d’absinthe.
Entièrement vêtue de soie sauvage légèrement bleutée et transparente laissant voir ses chaleureuses petites formes, elle voletait et dessus des feuilles et dansait parfois avec quelques papillons.

Après la pluie, les rayons d’hélio traversaient toujours le feuillage pour disperser sa lumière blanche au travers des grosses gouttes qui menaçaient de tomber au sol humide. C’était toujours aussi beau d’ailleurs, Moucheronne aimait cette vision de pureté qu’offrait ce temps [qui aurait pût lui rappeler la fin d’un célèbre poème de Rimbaud nommé les Ponts]. Elle prenait un réel plaisir à sentir dans ses narines s’engouffrer les douces fragrances de la terre humide et des escargots qui faisaient leur apparition sous les feuilles morte à la recherche d’un truc à sucer.

Ses cheveux détachés voletaient derrière elle grâce à la vitesse qu’elle prenait puis retombaient devant son visage lorsqu’elle faisait une pirouette en esquivant un insecte. Arrivée à bon port, elle se posa sur un roseau courbé et remonta sa cascade de cheveux en un grossier chignon haut à l’aide de son épine de sapin d’où pendaient quelques mèches avant de se dévêtir à moitié ne laissant qu’un mince filet de soie blanche et de s’assoire sur un nénuphar où avait élu logis, une petite grenouille.

Ainsi assise au bord de la large feuille ronde, les pieds dans l’eau jusqu’au genoux, elle continuait toujours de chanter… sa bouche seule témoin de son visage absent.

Katarn passa par la rivière, pensant à ce que lui avait proposé Xemnas.il restait perplexe, se posait des questions à la fois sur l'identité de cet homme et sur ses motivation.Il s'asseya sur un rocher posant son épée sur le sol et se mit à réfléchir sur cette besogne mais aussi si il pouvait enfeindre le code d'honneur qu'il s'était fixé.Soudain il entendit une voix très claire, si claire que même le bruit du courant de la rivière ne pouvait couvrir, à la fois envoutante et apaisante.
"Qui est là ?", il se leva et scruta les environs en tenant son épée sur la main de peur qu'il ne s'agisse encore que d'un ennemie....

Le nénuphar sur lequel Moucheronne était assise ballottait doucement grâce au courant de la rivière qui tirait sur la tige de la plante aquatique. L’eau était un peu fraîche et la petite fée sentait le bas de ses jambes s’engourdir et apparaître d’une couleur bleue un peu plus soutenue.
Derrière elle, elle avait entendu des pas mais chacun était libre de parcourir la forêt comme il le voulait, elle n’avait donc pas réagis.

Elle ne tourna la tête que lorsqu’il lui coupa la parole pour demander qui pouvait bien être là… ah si Moucheronne avait été plus grande… ou même aussi grande que les autres fées peut être qu’il l’aurait remarqué.

Lentement et avec toute la grâce qu’elle pouvait avoir, elle se leva et s’envola vêtue seulement de sa toge de soie transparente pour venir se poser sur le plat de la lame de l’inconnu. Son visage comme elle ne bougeait pas lui était invisible, mais bientôt des yeux se formèrent (ou revinrent) sous la ligne de ses sourcils et sa bouche apparut pour annoncer :

« Monseigneur… les vers dorment encore… »

Elle lui sourit en inclinant sa tête sur le côté et avança en sautillant sur la lame brillante jusqu’à atteindre son manche et s’y assoire. Derrière elle, elle avait laissé de petites traces de pas humides et glacés.

Katarn se retourna et vit une fée pas plus grande q'une pomme,elle volait de nénuphars en nénuphars, comme emportéé par le vent...
"Désolé, jeune habitante du bois, je ne voulais point déranger ces créatures...Je me suis égardé dans cette fôret à la recherche d'un lieu pour méditer mais malhereseument j'ai du vous déranger, veuilleez m'excuser...."

"Je ne vais point vous déranger plus longtemps, je quitte ces leux pour la terre d'Atlantide, là je trouverai une réponse au doute qui envahit mon esprit",le mage se leva et prit son épée, puis il quitta l'orée de la forêt pour la terre des atlantes...