Liane se pencha sur la magnifique fleur et aperçut le petit être. Un sourire se dessina peu à peu sur ses lèvres, d'abord timide puis devenant de plus en plus grand. Une larme perla sur sa joue...une ultime larme. Ainsi c'était vrai, de la pureté pouvait encore naitre des immondices des autres. La petite fée était magnifique, ces ailes émeraude et argent scintillait comme la rosée du matin, sa chevelure bouclée l'entourait...ils étaient d'un rouge vif, rappelant le sang donné pour sa naissance, mais ils étaient aussi zébrés de mèches argentées et de la couleur de la feuille au printemps.
Le petit être ouvrit alors légerement les yeux. Ils étaient un mélange des deux extremes du vert...trés clair et trés foncés. Ils étaient ouverts sur un nouveau monde qui lui était inconnu. La petite fée regarda successivement toutes les personnes l'entourant. Lorsque son regard apeuré croisa celui de la jeune tavernière, elle changea d'expression. Elle aussi commença à sourire, toute trace de peur ayant disparut de son petit minois. C'était comme si elles se connaissaient déjà, comme si elles savaient asser de choses pour pouvoir se protéger l'une et l'autre.
Liane tendit sa main jusqu'aux bords de la fleur et receuillit la petite fée qui vint se mettre débout sur la paume, ses ailes émeraude battant par instant.
La jeune femme porta la petite fée jusqu'à sa hauteur ne quittant pas son regard. C'était comme si un lien s'était déjà créé, comme si elles se parlaient, sans que personne ne puisse entendre. Liane leva la tête et aperçut une petite lumière, tel une étoile dans la sombre forêt...c'était étrange...c'était le matin et pourtant il faisant trés sombre...Cette petite lumière était une source de chaleur dans le coeur de la tavernière tout comme l'apparition de la petite fée
Dans un souffle, la femme murmura un nom:

Aiedail...l'étoile du matin...

La petite fée sourit de plus belle, faisant comprendre que ce serait le nom qu'elle porterait. Elle fit un petit tour sur elle même puis adressa une jolie reverence à Liane qui éclata de rire. La tavernière regarda alors la sylve, les yeux pleins de joie. Aucun mot n'aurais pu lui traduire sa reconnaissance mais son regard et son sourire purent s'en charger...

Natalya laissa l’officier angélique dire ce qu’il avait à dire puis répondit sombrement :

- Pensez-vous que je soit de ceux qui jugent sur leurs sentiments ou leur volonté personnels ? Ce que vous avez fait des prisonniers, aucun mot ne peut le définir tant la chose est horrible. Bien sûr, la vengeance occupe nos esprit malgré la bassesse de ce sentiment et moi la première rêve de voir vos têtes plantées sur des pieux… Seulement, ceux que vous qualifiez de barbares sont bien plus civilisés que vous le pensez.

La reine rangea son épée.

- Vous êtes nos prisonniers et ne serez jamais ni esclaves, ni martyrs sur mes terres. Vous allez être conduits dans un lieu d’où vous ressortirez tôt ou tard, libérés par les vôtres s’ils sont vainqueurs ou par les peuples libres si nous réussissons à nous opposer à Oromë et à libérer les Anges de son emprise. Car Oromë est fou et il vous perdra tous un jour ou l’autre.
Comme vous l’avez souligné, je connais le respect que l’on porte aux supérieurs angéliques. C’est ce respect qu’a su utiliser l’Archange du Combat pour vous attacher à une laisse.
Quand à ma fidélité…le Tout Puissant comme vous l’appelez n’a jamais été celui vers qui je tournait mes pensées. Les prières, les saintes paroles, je les prononçais comme toute élève récite sa leçon aux sages d’un village mais Lui seul savait que je Le respectait par devoir et non par dévotion.

Le visage grave, Natalya semblait revenir sur son passé avec réticence mais sincérité.

- Je comprends par ailleurs que vous ne souhaitiez pas remettre sur pieds vos ennemis, cela est normal. Je demande donc à ceux qui ont encore du cœur et de l’esprit et qui connaissent les formules de soin de sauver de la mort les blessés graves de mon armée. Car il y en a plus qu’il n’y paraît…

La reine ordonna à la troupe de gardes elfiques qui était d’arrivée sur un de ses ordres antérieurs de conduire les Anges aptes à soigner au Baldeviuroë et les autres aux prisons de Galylée. Avant que les prisonniers et les gardes ne partent, Natalya prit à part Ensteriel. Face à un Ange, seule et sans agressivité entre eux, elle était un peu troublée mais ne le laissa pas paraître. Le fixant de ses yeux entre le gris et le bleu, Natalya lui confia :

- Je vous avoue que je ne m’attendais pas à une telle proposition venant d’un Ange. Si vous, vous ne voyez pas combien Oromë est dangereux pour les cieux et la terre, au moins je constate qu’il n’a pas encore réussi a enlever toute la pureté de vos cœurs.

**********************

Une fois les Anges partis encadrés d’un nombre conséquent de gardes elfiques et les guerriers dispersés, Natalya fit signe à un Elfe de venir. Celui-ci s’approcha quelque peu nerveux et s’inclina devant l’Ange noire.

- Porte ceci au quartier d’Emeraude.

Natalya tendit à l’Elfe une petite perle bleue. Ce dernier la reçu dans ses mains tremblantes.

- Demande Fear, explique-lui ce qu’il vient de se passer et confit-lui cette perle. Dis-lui que la reine demande Neosoul.
L’Elfe s’exécuta tremblant comme une feuille. Le quartier d’Emeraude était le quartier des Ensis et Neosoul leur terrifiant chef…

HRP/ Suite de Natalya au post "Conseil de guerre à la capitale elfique" /HRP

*******************

Galylée et ses guerriers étaient en position prêt à intervenir. Arzok incantait, psalmodiait dans des langues inconnues ou peu connues. La tension était palpable et les flammes des grandes torches vacillaient jetant sur les murs courbes l’ombre des Elfes gardiens rangés autour de la scène ainsi que celles de Galylée et de ses guerriers qui se tenaient devant la porte refermée toutes armes sortis.

Les sentinelles étaient postés à des points stratégiques de la forêt, capable de couvrir tous le terrain, de detecter la moindre attaque. Il leurs aurait suffit de crier, ne serais-ce qu'une parole, un son pour que d'autres soldats viennent en renfort.
L'une de ces sentinelles faisait sa ronde a travers les bois, sondant le terrain, étant le plus attentif possible aux bruit malgré la fatigue qu'il pouvait ressentir aprés cette journée de bataille. C'est alors qu'il aperçut une forme noire adossée contre un arbre.
Sans attendre, il se mit en garde, prés à attaquer au moindre moment. Il reconnut alors la silhouette d'une femme et n'appela pas les autres soldats, trop intrigué par le fait de la voir seule ici.
Elle était drapée dans une longue cape noire, la capuche rabatue sur ses yeux, la tête baissée. L'homme s'approcha lentement, sur le qui-vive, l'arme toujours au point.

Qui va la?

La forme ne bougea pas, aucune paroles ne se firent entendre. L'homme s'approcha encore un peu, répétant encore:

Qui va la?

Une ombre...rien de plus...

L'homme interloqué avança encore de quelque pas, il n'était maintenant plus qu'à deux mètres de la femme.

Une ombre foulant un champs de bataille désolé...ou tant de mort sont déjà tombés...ou tant de sang à déjà coulé...tant de sang...du sang...

La sentinelle parut perplexe aux phrases prononcées, ne comprenant pas leur vraie nature, leur vrai but.

Faites-vous partie de cette guerre? tenta-t-il, ètes-vous alliée de la reine?

L'ombre parut bouger, et l'homme eut cru jurer voir se dessiner un sourire, des dents briller étrangement à la lumière de la lune.

Je le suis...

Le soldat fut alors apaisé, il remit l'épée au fourreau et vint poser sa main sur l'épaule de l'ombre.

Alors n'ayez crainte, allez dormir, il vous faudra du sommeil pour pouvoir nous rejoindre demain. Une femme à la bataille est fort honorable mais vous n'avez pas les mêmes capacités de récupération que nous, allez dormir.

Je souffre...souffla l'ombre

Vous souffrez ma dame?...c'est donc la la cause du froid qui se dégage de vous? seriez-vous malade? blessée? s'inquiéta l'homme

Non...je souffre car...j'ai tellement...tellement...tellement faim...

Sur ses mots, une mains blanches jaillit de sous la cape, venant enserrer le coup du soldat, empéchant tout cri de pouvoir sortir. L'étaux était glacé et l'homme ouvrit des yeux révulsés. Faisant tomber sa capuche, Kendra montra ses traits, sa chevelure blanche...et ses crocs luisants...ultime vision de la sentinelle.
N'attendant plus, la vampire lacha la gorge de l'homme pour y plonger immédiatement ses crocs, aspirant la vie du soldat qui devint de plus en plus froid, qui n'opposa alors plus aucune résistance...La femme à la peau de nacre se sépara du cou de l'homme pour venir lui chuchoter à l'oreille:

Sache que la reine ici...c'est moi...

Dans un dernier souffle, l'homme eparvint à articuler:

Non...Natalya...est notre...reine...

Le regard de la vampire montra une intense frustration. Plongeant à nouveau ses dents cruellement dans la chair de l'homme, elle aspira les dernières gouttes de son sang. L'étincelle de vie s'éteignit dans le regard horrifié de celui-ci alors qu'une nouvelle naissait dans celui de la vampire. Lachant le cadavre de l'homme, Kendra frémit de plaisir, sa peau prenant une légère teinte rose, ses lèvres rouges de sang et ses yeux redevenant aussi bleux qu'ils ne l'avaient été avant qu'elle ne devienne vampire.
Cet état dura quelques secondes puis la femme redevint aussi blanche et morte qu'elle ne l'était à l'habitude.
Souriante, elle regarda le corps.

Que c'est bon...merci mon doux bienfaiteur...

Kendra jubilait, le sang coulant dans ses veines à la vitesse d'un torrent lui procurait plus de plaisir qu'aucun mortel n'aurait put en ressentir. Elle se retourna, léchant ses lèvres ensanglantée et fit face à Rosh. Un sourire machiavélique s'afficha sur son visage tandis qu'elle répondait au démon:

Va donc Rosh, je sais que tu en meures d'envie...massacre donc autant d'innocent que tu le désires...s'ils font cette guerre, c'est qu'ils sont prés à offrir leur vie librement, nous n'allons pas les décevoir n'est-ce pas?

La vampire regarda le cadavre encore frai puis ajouta:

Prend garde de n'y pas laisser ta fourrure mon ami, bien que je ne pense pas que de pauvres sentinelles telle que celle-ci puisse opposer une farouche résistance. Aller, va plonger tes griffes et tes crocs, va apaiser ta soif de souffrance et de mort!

La vampire entendit alors quelque chose derrière elle, une sentinelle approchait a vive allure, sans doute alerté par les quelques bruits de leurs conversation. La femme à la peau de nâcre sussura une dernière directive au démon:

Qu'il ne puisse pas alerter les autres...

"Allez."

Oromë tourna le dos aux officiers à qui il avait donné l'ordre et s'en retourna dans sa tente.

Sivant les ordres des capitaines et commandants, d'immense trompes sonnèrent de longues sonneries, et de gigantesques feux furent allumés sur la colines qui dominait l'orée de la forêt. Alors des anges tirèrent sur des cordes et dans le ciel, éclairées par le lueur vive des flammes, se dressèrent de gigantesques croix.
Le spectacle, depuis la forêt était à la fois magnifique et effrayant. L'Archange finit alors de tracer les arabesques de son sort de voie divine.

"Peuples qui campez en la forêt, écoutez ma voix!"

Et comment ne pas l'entendre? De la magie divine pure, renforcée de diverses pierres qui renforçaient les pouvoirs de l'Archange. Pour ceux qui l'entendaient et qui ne voyaient Oromë, dans sa tente, en train de parler, il n'y avai que peu de doute : c'était Dieu qui parlait.

"Vous avez levé des armées contre moi, contre ma foi! Pour les païens et les hérétiques, je peux le comprendre - mais pas le pardonner. Mais pour ceux qui m'adorent, pour vous, chevaliers et hommes d'armes chrétiens, qui appellez mon nom chaque soir dans vos prières, comment pouvez vous espérer le salut de vos ames en vous armant contre moi?
Pour vous, il n'y a pas de salut possible. Aujourd'hui, un Archange m'a parlé, il a prononcé ses mots :

"Ô Dieu, vois ton monde, perçois la souillure que le Démon y a répandu. Nul lieu où la Foi est véritable, nul lieu où ton nom n'est maudi, nul lieu qui soit resté pur. Seigneur, je suis un archange guerrier, je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. Ordonne, et j'obéirai, car il est temps de purifier cette terre, d'en extraire la crasse du péché! Commande et je mènerai les anges dans cette croisade en ton nom. Le sang doit couler, former des torrents pourpres qui iront se jeter dans des fleuves de feu. Et quand toute trace d'impureté sera balayée, nous te prierons, Seigneur pour le salut de ceux que nous avons tué.

Et quand cela sera fait, Ô Seigneur, nous réunirons le troupeau de tes fidèles dont nulle brebis ne s'égare et si peu nombreux soient-ils, nous les aiderons pour qu'ils prospèrent et se répandent de nouveau sur la terre, pour qu'ils adorent ton nom éternel!
Mais que l'un d'eux se détourne de la lumière, alors qu'il connaisse ma colère, car je le plongerai dans les flammes de l'Enfer pour qu'il y brûle pour l'éternité."

Entendez vous, mes fils? Votre faute est telle que pour certain seule votre disparition est possible pour que ce monde s'épanouisse dans ma lumière. Mais je suis juste est bon, aussi, je vous laisse la chance de revenir dans la lumière, mes enfants et si vous ne pouvez combattre mes ennemis, au moins, refusez de les suivre, quittez le camp des ennemis du Dieu que vous adorez, retournez dans vo châteaux, vos villes et vos villages. Et lorsque la victoire sera finale pour mes armées, je peux vous l'assurer, je saurai reconnaitre les miens. Car c'est à moi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles!"

Oromë se tut. Dehors,un tonnerre de "Amen" résonna. L'Archange sourit. Il savait que pour les chevaliers, et peut-être même plus pour leurs troupiers, si supersticieux, cet évènement était capital et remettrais forcément en question leur présence parmi les troupes de la Reine, car un chrétien sert Dieu avant de servir son souverain, car Dieu est le suzerain de tous les hommes. car lui, Oromë, est le suzerain de tous les hommes.

Il resortit de sa tente est ordonna une prière, et pendant que les anges s'agenouillaient pour le prier, lui regardait les croix dans la lumières des flammes : magnifique spectacle.

Assise sur un tabouret de chêne magnifique, Natalya avait quitté son armure d’argent teintée de sang et avait lavé, habillé et ornés son corps. Ses yeux, dont l’éclat bleuté avait disparu laissant l’iris coloré d’un noble gris, exprimaient son apaisement. Par la fenêtre ouverte de son balcon, elle pouvait voir, devant le rideau ondulé, deux petits points lumineux décrire dans l’air quelques figures harmonieuses. * Des lucioles d’or…* Elle s’attarda un instant sur les insectes volant puis ferma les yeux. Aussitôt, elle les rouvrit l’air grave.
Pourquoi cette image la poursuivait-elle ? Pour quelles obscures raisons cet Ange blond aux yeux verts qu’elle avait éventré lui troublait-elle l’esprit ? L’avait-elle déjà vu ? Autrefois…

Le vent entra dans la pièce richement meublée, souleva les cheveux de l’Ange noire et fit onduler sa robe légère de soie blanche. Relevant al tête, la jeune femme vit tournoyer près d’elle une dizaines de feuilles vertes.

Citation :

Peuples qui campez en la forêt, écoutez ma voix!

Natalya se leva brusquement. Le vent tomba, les feuilles se flétrirent et moururent à ses pieds.

Citation :

Vous avez levé des armées contre moi, contre ma foi ! …

Appuyée contre un mur sur son balcon, Natalya écouta, comme tous les autres présents dans la forêt, les paroles « divines ». Un instant elle douta : avait-elle réellement déclenché Sa colère ? Cette guerre contre Oromë n’était-elle pas vraiment donc Son intérêt ? Oromë…ce fou…Non, bien sûr que non.
Les croix flamboyantes étaient si grandes qu’elle-même, au cœur de la forêt, pu les voir.

- Folie. Tout ceci n’est que folie…

Sur un bureau l’Ange saisit un pendentif d’argent et revînt sur le balcon. Elle fit miroiter l’objet devant une lanterne un instant et passa la chaîne autour de son cou. Tendant la main devant elle, Tearofhell, l’épée sombre, se matérialisa dans celle-ci.

- Qu’est-ce que ?

Le pommeau n’était plus noir mais couleur pierre comme sa garde, sa poignée était entourée de bandes blanches et sa lame était devenu d’un fer brillant. Stupéfaite, Natalya resta interdite quelques secondes puis la voix résonnante et dangereuse l’obligea à agir. Elle sauta donc du balcon et s’envola vers l’arbre mère.

*************

Galylée et ses soldats se crispèrent sur leurs armes dans le bâtiment des honneurs où Arzok incantait. La voix, ils l’entendirent et la maudirent ensuite dans leur langage tentant de ne pas être déconcentrés dans leur surveillance.

*************
Aux pieds de l’arbre mère, des milliers de soldats étaient rassemblés. Certains avaient lâché leurs armes et, à genoux, priaient le Seigneur de les épargner. D’autres tremblaient de tout leurs membres s’efforçant de rester droits mais, partout dans la forêt, ceux qui n’avaient qu’un seul et unique dieu humain quittaient leurs postes, s’agenouillaient, pleuraient ou criaient comme des damnés, littéralement écrasés par la terreur, qu’ils n’étaient pas de ces gens païens dont Il parlait.
L’armée de Natalya se morcelait…Les Barons, installés à l’Est du cœur elfique, ne purent empêcher les chevaliers et surtout le paladins de quitter le camps pour se ruer vers l’orée de la forêt. Les Mages tentaient de calmer les soldats croyants avec l’aide des Elfes et de les empêcher de fuir la forêt ou de porter les armes contre leurs frères.

Lorsque le discours « divin » s’achevât, Eliore était devenue comme aliénée. Il fallu attendre qu’une centaines d’Ensis s’aligne devant les racines géantes de l’arbre mère pour que le vacarme se fasse moins sonore. Natalya, l’arme à la main, atterrit sur un racine et les cris se turent laissant la place aux chuchotements agités. Beaucoup auraient levé le poing si la reine et ses gardes avaient été de simples humains pour crier leur haine, leur dégoût et leur peur en une révolte sanglante. Oui. Le Tout-Puissant avait raison ! Cette femme les faisait se battre contre Sa volonté et Sa personne en s’opposant de la sorte aux Anges ! Eux étaient blancs et donc purs, dénudés de toute malice tandis qu’elle avait les ailes noires ! La déchéance n’était-elle pas le lot de ceux qui avaient commit de graves péchés ? En les entraînant ainsi contre Lui elle se vengeait peut-être sournoisement !
Jeune et belle, forte et redoutable…Une femme passant outre les lois alliées, rejetée du ciel, cachée dans une tour de folie…Comment n’avaient-ils donc pas vu en elle une terrible menace ? Comment leurs ancêtres avaient-ils pu nommer reine une femme-enfant si dangereuse ?

Malgré le tumulte des pensées désespérées, révoltées ou abattues des soldats, Natalya dégageait une aura plus écrasante que d’habitude. Elle était reine et en avait le port. Levant son épée, l’Ange fit résonner sa voix sous toute la ramure de l’arbre sacré des Elfes.

- Ecoutez ! Ecoutez le glas des Anges ! Oromë tente de vous tirer à lui en utilisant votre foi ! Vous êtes libres de quitter vos amis et vos terres pour le rejoindre mais pensez que demain vos femmes et vos enfants chanterons des requiems avant de vous rejoindre tôt ou tard les lèvres ensanglantées par votre traîtrise ! Nul être vivant ne devrait être contraint de choisir entre sa vie et les siens ou la mort et Dieu !! Courez ! Courez comme des aveugles vers l’apparente Lumière et vos yeux, éblouis par les premières paroles, vous seront arrachées par les démons qui tissent tout ces décors !

Joignant les gestes à ses paroles, Natalya continua toujours de sa voix forte et claire :

- Comme l’Obscurité, la Lumière n’est pas forcément là où l’on pense la trouver. Pensez-vous que Dieu serait l’auteur de tels massacres ?! Dieu n’est pas intolérant : ce sont ses envoyés et sujets qui le sont ! Sinon pourquoi créer une telle diversité sur Terre ?
Si en vous toute lucidité n’a pas disparue, alors voyez le piège infâme dans lequel vous manquez de mettre les pieds…

Un silence pesant s’installa. Natalya s’était tue sur cette phrase prononcée comme inachevée et parcourrait de ses yeux gris l’océan de soldats désemparés. Chez beaucoup le message « divin » avait réveillé les plus ferventes croyances et les paladins auraient crié à l’hérésie et au blasphème s’ils ne craignaient pas pour leur vie : face aux Ensis, ces guerriers étranges dont on n’avait jamais su l’origine, ils n’osaient entreprendre de hauts faits.
Certains hésitaient : la population avait toujours suivit Natalya. Depuis plus d’un siècle maintenant, leur vie s’était nettement améliorée, l’Ange n’avait jamais fait montre de tyrannie et contrairement à Dieu, elle leur tendait une main qu’ils pouvaient toucher…
Enfin, une minorité s’étaient calmée et avait réalisé qu’Oromë était peut-être effectivement derrière cette voix qu’elle n’avait jamais entendu répondre à ses prières. Ces gens peu pratiquants revinrent donc vers la reine.

*************

Beaucoup de soldats humains avaient déserté la forêt et seules la basse population, la moitié des barons et des chevaliers, et une partie des soldats terrifiés par leur choix, suivirent la reine.
Celle-ci, consciente que les armées d’Oromë pouvait revenir à n’importe quel instant, avait ordonné à tous de reprendre leurs postes et de se tenir sur le pieds de guerre.

Enfin, fut réuni une fois encore le Conseil de guerre…

Oromë vit venir à ses armées des hommes et des chevaliers. Une bonne partie des forces des humains croyants venaient de retourner leurs vestes. Et lui jubilait...

Il fit rapidement passer des ordres pour que nulle attaque ne soit porter contre ses êtres. Au contraire, les plus beaux anges les escortaient, certains qui avaient une voix belle comme nulle autre chantaient des Pater noster. Et la colonne marcha vers les Archanges. Oromê les accueillit et écarta les bras en signe d'accueil.

"Soyez bénis, vous les hommes de foi qui rejoignez la voie de Dieu. Venez, des tables sont dressées, on vous offrira le pain et le vin, le corps et le sang de notre Seigneur. Débarassez vous de vos armures, de vos armes et de tout ce qui vous encombre. Soyez aujourd'hui seulement les fidèles de Dieu."

Oromë ordonna à de nombreux anges, eux même dépourvus d'armes et d'armures d'exécuter ses ordres, puis il alla se mettre dans sa tente et relançant le sort de voix divine.

"Et vous, fils des hommes, ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Sur le pays de la déchue : Voici la fin! La fin vient sur les quatre extrémités du pays!
Maintenant la fin vient sur vous; j'enverrai ma colère contre vous, Je vous jugerai selon vos voies, Je vous chargerai de toutes vos abominations. Mon oeil sera pour vous sans pitié, et je n'aurai point de miséricorde; mais je vous chargerai de vos voies, et vos abominations seront au milieu de vous; Et vous saurez que je suis l'Éternel celui qui frappe.

Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Un malheur, un malheur unique! voici, il vient! La fin vient, la fin vient, elle se réveille contre vous! Voici, elle vient!
Voici le jour! voici, il vient! Le tour arrive! La verge fleurit! L'orgueil s'épanouit!
La violence s'élève, pour servir de verge à la méchanceté: Plus rien d'eux, de leur foule bruyante, de leur multitude! On ne se lamente pas sur eux!
Le temps vient, le jour approche! Que l'acheteur ne se réjouisse pas, Que le vendeur ne s'afflige pas! Car la colère éclate contre toute leur multitude.
Non, le vendeur ne recouvrera pas ce qu'il a vendu, Fût-il encore parmi les vivants; Car la prophétie contre toute leur multitude ne sera pas révoquée, Et à cause de son iniquité nul ne conservera sa vie.
On sonne de la trompette, tout est prêt, Mais personne ne marche au combat; Car ma fureur éclate contre toute leur multitude.
L'épée au dehors, la peste et la famine au dedans! Celui qui est aux champs mourra par l'épée, Celui qui est dans la ville sera dévoré par la famine et par la peste.
Leurs fuyards s'échappent, Ils sont sur les montagnes, comme les colombes des vallées, Tous gémissant, Chacun sur son iniquité.
Toutes les mains sont affaiblies, Tous les genoux se fondent en eau.
Ils se ceignent de sacs, Et la terreur les enveloppe; Tous les visages sont confus, Toutes les têtes sont rasées.
Ils jetteront leur argent dans les rues, Et leur or sera pour eux un objet d'horreur; Leur argent et leur or ne pourront les sauver, Au jour de la fureur de l'Éternel; Ils ne pourront ni rassasier leur âme, Ni remplir leurs entrailles; Car c'est ce qui les a fait tomber dans leur iniquité.
Ils étaient fiers de leur magnifique parure, Et ils en ont fabriqué les images de leurs abominations, de leurs idoles. C'est pourquoi je la rendrai pour eux un objet d'horreur;
Je la donnerai en pillage aux mains des étrangers, Et comme butin aux impies de la terre, Afin qu'ils la profanent.
Je détournerai d'eux ma face, Et l'on souillera mon sanctuaire; Des furieux y pénétreront, et le profaneront.
Prépare les chaînes! Car le pays est rempli de meurtres, La ville est pleine de violence.
Je ferai venir les plus méchants des peuples, Pour qu'ils s'emparent de leurs maisons; Je mettrai fin à l'orgueil des puissants, Et leurs sanctuaires seront profanés.
La ruine vient! Ils cherchent le salut, et point de salut!
Il arrive malheur sur malheur, Un bruit succède à un bruit; Ils demandent des visions aux prophètes; Les sacrificateurs ne connaissent plus la loi, Les anciens n'ont plus de conseils.
Le roi se désole, le prince s'épouvante, Les mains du peuple du pays sont tremblantes. Je les traiterai selon leurs voies, Je les jugerai comme ils le méritent, Et ils sauront que je suis l'Éternel.

Et tous, qui bravez mon nom, je vous détruirai car vous voulez me détruire."

Puis il sortit et alla manger avec les hommes rendus fidèles. Devant eux, il parla de Dieu et de sa joie à les voir ainsi se rétablir... Mais ce n'était pas tant le joie de DIeu que la sienne propre qui éclairait son visage...

Aldarion avait observé la naissance d'une fée... Devant tant de savoir et de pouvoir, l'Elfe Gris ne pouvait que s'émerveiller des dons de sa compagne. Narnia dirigeait le petit peuple, elle était capable de se servir de la terre et du sang pour donner la vie, elle était si belle et si mystérieuse... Il l'aimait. De tout son coeur, de tout son corps, de toute son âme.

Contraint pourtant de la quitter pour aider à monter les bûchers, Aldarion accompagna un groupe d'Elfe après l'avoir embrassé. L'odeur de la mort altérait l'air ambiant et les chairs brûlées lui donnèrent la nausée. Jusqu'où iraient donc les peuples pour s'assurer une place dans le monde ?
Non loin était Liane. Belle et triste. Forte et pourtant si faible comme tous devant tant de haine et de destruction. Le Sindar décida de la laisser. Après tout, lui aussi était terriblement affecté par tous ces évènements.
Assit dans l'herbe rougeoyante qui reflétait les flammes du bûcher, il laissa sa tête tomber sur ses bras entourant ses genoux repliés.
Il était fatigué... Fermant les yeux, il se mit à chanter dans un murmure...

Longs sont les chemins qui nous mènent à notre destin
Longs sont les pleurs de nos amis et notre cœur...
Profondes sont les mers où coulent nos frères
Profondes sont les entailles sur nos poitrails...
Le Silence vient
Avant le matin
La Soleil nous réchauffera le jour où tout se terminera
Le Lune nous glacera lorsque notre tour viendra...

L'Elfe s'arrêta soudain restant immobile.
Soudain, Aldarion se leva et, l'épée sortie, il se précipita vers l'endroit d'où provenait ce son immonde. Liane s'était éloignée, il l'avait entendu, mais quelque chose qui n'aurait pas dût être dans la forêt était sur son chemin...

Une voix se fit alors entendre. Forte et menaçante.
Aldarion ralentit sa course perturbé par cette étrangeté. Etait-ce un dieu ?
L'Elfe trébucha sur une petite pierre et manqua de peu un arbre. S'appuyant contre ce dernier, il écouta perplexe.
Au bout d'un moment, il se ressaisit et se remit à courir. Dieu ou non, ce n'était pas le sien. Mais quelque chose prenait l'Elfe au ventre comme une peur ancestrale qui resurgissait...
Trébuchant de temps à autre, il rentra subitement dans un homme pris de terreur. Ce dernier l'arme au poing hurla et manqua de peu le visage d'Aldarion qui eu le réflexe de lui saisir le bras.

- Es-tu fou !?

L'homme eu un moment de vide et lâcha son arme avant de tomber à genoux.

- Pitié ! Ayez pitié Seigneur ! Voyez ce qu'ils nous font !

A qui parlait cet homme ? A ce dieu qui continuait de clamer sa colère ou à l'Elfe qui restait pétrifié devant cette folie ?
Aldarion laissa l'homme à terre et couru de nouveau vers Liane.

L'elfe ne put continuer sa route plus loin. Une silhouette venait de sauter d'un arbre pour se retrouver devant lui. Rejetant ses cheveux blancs en arrière, Kendra lui souria.

Ou comptes-tu donc aller comme ça prince elfique?

Restant au milieu du chemin, la vampire s'éparait l'homme de Liane et Rosh qui étaient encore plusieurs mètres plus loin.

Pourquoi sauver cette jeune blondinette? Laisse la donc un peu, elle est en de bonnes mains à l'heure qu'il est...bientôt elle sera dans un monde meilleur, je te le promet.

La femme dont la peau blanche brillait sous le clair de lune s'approcha d'Aldarion, lui sussurant encore:

Bien sur...je ne peux pas te promettre que cela sera sans souffrance ni agonie d'aucune sorte...comprend le, cela fait tellement longtemps que ce démon n'a plus tué.

Kendra posa une main glacée sur la joue de l'homme qui lui faisait face, resserant sa prise sur la joue de l'homme. Plongeant son regard dans celui de l'elfe, elle plissa les yeux et murmura avec une voix qui ne présageait rien de bon.

Je sais qui tu es pour Natalya...peut-être la personne la plus proche qu'elle ait ici... Cette déchue...que crois-tu qu'elle dirait si...son cher et tendre ami elfique se retrouvait évicéré...pendu devant sa tente à la veille d'un nouveau jour de guerre...?

De son autre main, elle enserra le bras de l'homme, plongeant ses ongles dans sa chair.

Stoppé net dans sa progression, Aldarion se figea lorsqu'il vit Kendra se dresser devant lui. Le bruit métallique de son épée contre une racine se fit entendre: l'Elfe n'avait pu garder son arme en main face à la Vampire ressuscitée. Cette dernière n'avait pas changé physiquement et sa voix de glace le prit à la gorge.

- Que...Comment...?

La femme à la peau de marbre s'approcha de l'Elfe pris de tétanie. Il aurait voulu lever son épée et frapper cette abomination mais ses membres ne lui répondaient plus. Kendra avait été tuée lors de la dernière guerre ! Etait-ce une hallucination due à sa fatigue et à l'horreur de la situation d'Eliore ou la Vampire avait réussi à revenir d'où l'avait expédié la reine ?
Pétrifié, son corps frémit au contact de la main glacée de la maîtresse des morts sur sa joue et de sa bouche ne sortit qu'un souffle saccadé.
Kendra plongea son regard dans celui de l'Elfe terrifié puis évoqua ses relations avec Natalya: elle voulait se servir de lui pour porter atteinte à l'Ange déchue...
La Vampire lui planta ses ongles dans le bras à un endroit où son armure ne le protégeait plus et Aldarion, les dents serrées, réussi à sortir de son silence:

- Gnnn...Tues-moi Vampire et fais ce que tu souhaites de mon corps mais saches que Natalya gagnera cette guerre avec ou sans moi.

Sortant peu à peu de sa tétanie, l’Elfe saisit la main avec laquelle Kendra tenait son visage et le rapprocha de celle-ci avec rage.

- Elle te renverra d’où tu es sortie !

Le cor du Conseil avait résonné dans la forêt depuis un moment déjà et la plupart des dirigeants s’étaient rassemblés dans la salle hexagonale de l’arbre mère. Tintael, Proméus, Urbu, Atzalteque, Fagor et Natalya s’étaient assis autour d’une table carrée. Un Haut-Elfe se tenait près de la reine et celle-ci le présenta :

- Le seigneur Galylée ne peut assister à cette réunion car il est chargé d’une mission. C’est donc son second qui le remplacera.

L’Elfe du nom D’Eldebor salua l’assemblée. Fagor tremblait de tout ses membres les yeux dans le vide.

- Où sont Dame Narnia, le seigneur Aldarion et Mademoiselle Liane ? Demanda calmement le Mage.
- Je l’ignore Proméus mais je suppose qu’ils sont ensemble...répondit l’Ange.
- Ma reine, commença Urbu, les miens ne comprennent pas ce qu’il se passe…

Tintael tiqua. Forcément ces imbéciles de Trolls n’étaient pas assez évolués ! Il tourna son regard mauvais vers Fagor toujours tremblant.

- Il se passe, dit-il sèchement, que les Hommes sont des faibles. Ils ne savent pas différencier leur dieu d’un Ange qui use de la magie et ces traîtres quittent le combat pour rejoindre l’ennemi !

Le seigneur des Hommes se leva brutalement et sortit son épée : celle-ci vint alors à quelques centimètres du visage du Drow.

- Que sais-tu des Hommes ou de Dieu misérable !!

L’assemblée se leva.

- Que fait-il armée !? cria Valéria.
- JE NE TOLERERAIS PAS !

La voix de Natalya avait tonné si fort que tous s’étaient tournés vers elle.

- Fagor ! Tu es un seigneur de guerre dont le père a remporté la guerre de Jade avec les Anciens et tu te laisse encore emporter comme il y a trente ans ? Penses-tu que Fanvan serait fière d’un fils qui faibli à la moindre difficulté !?

L’Homme lâcha son épée et tomba à genoux les mains sur la tête.

- Comment savoir…gémit-il,…où se trouve la vérité ?

**********

Le ciel s’était obscurcit et un amas de nuages noirs recouvrait la lune. Natalya volait vers les brasiers partit à al recherche d’Aldarion, Narnia et Liane. Le Conseil avait tourné au cours…Après avoir prit l’épée de Fagor et éloigné ce dernier de la salle, les membres du Conseil s’étaient en partie disputés. Malgré tout, un plan de guerre avait été établi, Fagor quelque peu calmé s’en était retourné et elle avait prévenu Tintael sur son comportement.
Ils avaient encore les cavaliers, les Amazones, les Atlantes et les Drow : cela constituait leur force et ils avaient aussi les Ensis…Mais serait-ce assez contre les guerriers édéniques, les Archanges et les Ishirides ? Natalya en doutait…

Ses yeux étaient redevenus noirs : ce n’était pas la reine qui cherchait des membres du Conseil mais une Ange qui souhaitait revoir ses amis. Après avoir informé les derniers membres du Conseil, Natalya prévoyait d’aller jeter un coup d’œil dans la salle des honneurs où se tenaient Arzok et Galylée seulement…le destin en avait décidé autrement…

Arzok avait psalmodié des heures durant, sa voix s'était brisée, mais il avait continuer. Sa hache voletait maintenant au son d'un chant ancien. Puis revint la psalmodie, mais cette fois-ci, elle portait un timbre étrange, une sorte de résignation à la mort.

Alors, il leva sept fois sa hache, sept fois il l'abbatit en hurlant les noms des sept pères fondateurs des nains, qui créèrent les sept lignées des rois nains qui règnent encore de nos jours. Puis soudain il stoppa sa mélopée la hache dressée vers les nains et les barbares réunis. L'air devint lourd, un son tel le vent de la mort se fit entendre.

"kazad dorkar."

Le nain n'eut que le temps de murmurer ces mts avant que la magie runique ne fasse effet. Les runes de sa hache brillèrent soudain de mille feux, et tous ceux qui se trouvaient dans la salle sentirent la douleur en eux, mais encore plus ceux qui étaient enchantés.
Car ceux là, on les vit se tordre de douleur et se fut comme si des fantômes s'arrachaient de leurs corps, aspirés par la hache. Mais ces répliques évanescentes d'eux même n'étaient pas leurs âmes défuntes mais les sorts des anges, arrachés par la magie runique aux corps des anges. Car contrairement à la magie profane ou la magie divine, qui ne peuvent ataquer qu'un sort après l'autre, la magie runique travaille sur des ensembles, arrachant l'essence même de la magie divine des corps. Ne laissant pas le temps au sort de Mort d'agir.

Lorsque tout fut fini, Les personnes enchantées gisaient toutes à terre, Arzok, lui, était à genoux en silence. Seule trace de sa réussite, les toussements des personnes libérées.

Réapparaissant aux côté de Rosh, la vampire lui sussura la presence de la tavernière. Mais à peine avait-elle fait cela que des bruits de pas précipités et des cris se firent entendre. La vampire pesta...leur jeu allait s'arréter la...
Posant une main sur l'épaule poilue de la bête, elle grinça:

Vien Rosh, ne nous éternisons pas ici...laisse cette blondinette, tu t'amuseras avec elle la prochaine fois...

Kendra recula alors dans l'ombre d'un arbre, sussurrant un dernier "rejoint moi au mausolée" à Rosh qui restait la à regarder Liane avec envie et appétit.
La bête poilu se retourna alors et s'élança vers les arbres, évitant les pièges et s'enfonçant dans l'obscurité.

- Alerte !!

Un garde venait de trouver un cadavre et appelait du renfort. Natalya vira brusquement de sa trajectoire et s'aida d'une racine pour s'envoler vers le cri avec vitesse. Elle sortit son épée et zigzagua entre les arbres. L'Ange croisa le garde elfique, cinq autres Elfes et deux hommes qui se dirigeaient en courant vers l'endroit où il avait vu quelque chose d'anormal. Natalya atterri prêt d'eux et stoppa net le bras d'un homme qui avait failli abattre son épée sur elle avec un cri. Serrant de sa main gauche le bras de l'homme pétrifié d'horreur, elle murmura:

- M'aurais-tu confondu avec un Ange aux ailes blanches ?
-...Je...

La reine repoussa l'homme sèchement et s'adressa à son compagnon blanc comme un linge. Celui-ci s'agenouilla.

- Que se passe-t-il soldat ?
- Il...Il y a un loup qui dévore nos hommes ma reine.
- Trouvez-le et faites en sorte qu'il ne soit plus une menace.

Avant de s'envoler de nouveau, Natalya se tourna vers les Elfes:

- Avez-vous vu Dame Narnia, Mademoiselle Liane et le seigneur Aldarion ?
- Le Seigneur Aldarion était au bûcher là-bas avec Mademoiselle Liane il y a quelques heures mais je ne les ai pas revu depuis...répondit un Elfe.

Natalya se rendit au bûcher et n'y trouva personne. Puis elle vit de l'herbe couchée au loin. Un corps. Sûrement l'un des soldats attaqué par le loup...
Approchant pieds à terre et épée à la main de ce qu'elle supposait être un cadavre, l'Ange vit peu à peu briller une armure sous la lune puis plus elle s'approchait et plus elle reconnaissait l'étoffe qui dépassait de l'armure de l'homme à terre. Il était brun, il portait une armure dorée et...l'emblème du Conseil !

- Aldarion !

Se précipitant vers son ami, Natalya s'affola. Son épée disparue dans un nuage de poussière et elle tomba à genoux près de l'Elfe dont elle souleva la tête.

- Aldar ! Aldar ! Réveille-toi ! Réponds-moi ! Aldar !

Elle retourna son ami et sentit son coeur s'arrêter.

- Par tous les Saints...

L'énorme blessure qu'il portait au flanc saignait abondamment. Les mains couvertes de sang et la tunique blanche imbibée elle aussi de celui qui rougissait l'herbe, Natalya sentit ses yeux s'emplir de larmes.
Le visage figé de son ami, blanc comme un mort et ses yeux ouverts terrifièrent la jeune femme dont les yeux noirs portaient maintenant des pigments bleus électriques.
Tandis que le ciel s'était mit à gronder et le vent à souffler, la lune passa rapidement derrière un nuage et Natalya eu juste le temps de s'apercevoir que des lèvres d'Aldarion une mince brume s'échappait.
L'Elfe était vivant mais pour combien de temps ?
Désemparée, l'Ange noire entrepris de retirer l'armure de son ami sans chercher à appeler les soldats qui passaient non loin pour traquer le loup...

Il se mit a pleuvoir. Une pluie fine mais glaciale.
Les soldats arrivèrent près de Liane et pendant qu'ils fouillaient les buissons, deux étaient restés auprès de la jeune tavernière apparemment choquée.

- Mademoiselle ? Mademoiselle ?
- Venez voir !

Le cadavre que Liane avait regardé se faire dévorer fut trouvé.

- Que s'est-il passé ?

***********

Pendant ce temps, au bâtiment des honneurs, Arzok avait réussit à libérer les prisonniers de leur envoûtement. La moitié des Elfes de Galylée se relevait après avoir sentit leur force les abandonner. Lui même un genoux à terre, le seigneur elfique fut aidé par deux de ses confrères.
Les gardiens eux n'avaient pas bougés mais les flammes des torches s'étaient éteintes.
La lumière de la Lune qui passait par le trou du plafond avait disparue elle aussi et il pleuvait maintenant dans la salle.

- Surtout ne bougez pas !

Reprenant quelque peu ses esprits, Galylée avait arrêté ses gardes qui s'étaient avancés vers Arzok à genoux. Le Nain pouvait être dangereux...L'Elfe s'approcha de quelques pas restant à une distance respectable du Nain. L'épée en main, il demanda:

- Seigneur Arzok m'entendez-vous ?

Les gémissements des libérés lui répondirent.

- Seigneur Arzok avez-vous réussi ?

Liane était restée figée de stupeur à l'apparition de Kendra. Elle n'aurait jamais dut être la...Natalya l'avait renvoyé parmis les abysses lors de la dernière guerre! C'était impossible!! La femme à la peau de nacre avait murmuré quelque chose à l'oreille du loup et avait disparut. La bête l'avait alors regardé, apparement dégoutée de n'avoir put s'amuser de sa chair et s'était aussi enfuit.

Plusieurs soldats étaient alors apparut, alertés par les bruits. Ils n'avaient pas tardés à trouver le cadavre massacré par la bête et avaient questionnés Liane. Tout d'abord, celle-ci fut sans réaction, encore sous le choc de la scène qui s'était déroulée sous ses yeux. Puis enfin les mots arrivèrent à ses lèvres.

Un démon et...la...la vampire...Kendra...ici...

Liane tourna des yeux terrifié vers les hommes.

Kendra et l'une de ses créatures étaient ici!

Un cri alerta alors la femme. Elle se retourna et vit Natalya penchée sur le corps d'Aldarion. Que faisait-il la!? elle ne l'avait même pas vus arriver!

La tavernière jeta un dernier regard au cadavre et dit précipitament aux hommes.

Il ne doit pas être le seul a avoir été ainsi massacré! cherchez vos compagnons! Il faut a tous prix voir si certains peuvent être sauvés!

Elle se précipita alors vers l'elfe et la déchue et s'agenouilla auprés d'eux. Voyant le sang s'écouler de la plaie de l'homme, elle demanda d'une voix pâle et effrayée:

Que s'est-il passé?

Natalya avait retiré les pièces d'armure du torse d'Aldarion lorsque Liane arriva. Elle ne se tourna pas vers elle et se mit à éponger le sang de la blessure de l'Elfe avec sa tunique. Une partie des gardes se dispersaient cherchant d'autres possibles victimes tandis que l'autre partie avaient suivit la tavernière apercevant leur reine à genoux.
Cette dernière avait les mains tremblantes et la fine pluie qui accompagnaient ses larmes silencieuses ne suffisait pas à retirer le sang sur celles-ci.

- Majesté ?

Les gardes ne savaient que faire et timidement quelques uns chuchotaient. Natalya arrêta d'éponger le sang d'Aldarion: cela était bien inutile. Il fallait l'emmener au plus vite à l'abri ! L'Ange se leva et tourna ses yeux à la pupille à moitié bleue vers Liane.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé...

Une lumière puissante jaillit soudain près des gardes alignés qui se mirent immédiatement en position pour défendre la reine. La lumière disparue et Proméus écarta les hommes et vint s'agenouiller près d'Aldarion. Il vérifia rapidement la blessure de l'Elfe et se releva plongeant ses yeux dans ceux de Natalya.

- Vous avez un don pour m'envoyer des signes...

Le corps de l'Elfe se souleva tout seul et Proméus ouvrit un portail avec son bâton.

- Je l'emmène.

Natalya ne répondit mot fixant le corps inerte de son compagnon. Le Mage disparu avec Aldarion et un silence de mort s'installa.

Après la naissance de la fée, Narnia se sentait faible. Elle s'appuya sur un arbre mais son bras tremblait. Personne ne le remarqua car elle semblait se confondre avec l'arbre. Nahi resta non loin de la petite fée, puis détacha un pétale de la fleur afin de lui confectionner une robe.

C'est alors qu'une voix se fit entendre, une voix de traître qui transpirait la méchanceté. Narnia percevait cela grâce à ses armes magiques, elle voyait le fond des choses, leur visage réel.
Face à tant d'horreur, Narnia ne pu retenir un haut-le-coeur. Elle s'affaissa sur le sol, la tête entre les mains, elle n'était plus que racine, elle était seule face à cette voix, son esprit était dans un autre monde, personne ne pouvait lui venir en aide, la voix la torturait à elle seule. Son cauchemar parut lui durer des jours. Mais enfin la voix se tut, Narnia commença à réapparaître doucement, elle était allongée près de l'arbre, les yeux ouverts, choquée. Elle n'avait jamais imaginé qu'une seule personne pouvait trahir autant de monde et jubiler ainsi. La trahison était une chose qu'elle ne pouvait supporter.
Elle se releva doucement et sourit à la vue de Nahi s'affairant à coudre une robe que les plus grandes dames de la cour n'aurait jamais imaginer pouvoir porter.

La Sylve marcha lentement, ses muscles se détendirent et son énergie lui revint peu à peu.
C'est alors qu'elle reçut comme un coup de poing au coeur. Il lui semblait qu'on venait de lui arracher une partie de son coeur et la Sylve sentit un filet de sang s'échapper de ses lèvres. Elle murmura:
-Aldarion!

Son bien-aimé était souffrant. On venait de le blesser, il allait peut être mourir.
Trop, c'était trop, Narnia ne pouvait en supporter d'avantage. Ses yeux s'assombrirent, roulèrent dans leurs orbites et devinrent complètement noirs, plus aucune lumière ne les faisait briller. Elle fixa son arme dans son dos et son aura devint rouge sang.
Les arbres eux-mêmes se mirent à s'agiter sans qu'aucun vent ne les y forçat. La forêt se mit à gronder.

Narnia sauta telle une bête d'arbres en arbres le plus rapidement possible, même Nahi ne la suivait pas en volant pourtant à tire d'aile.

Narnia arriva sur le lieu du crime, elle se laissa choir du haut de l'arbre sans bruits. Elle tomba à genoux, là où aurait du se trouver le corps de celui qu'elle aimait.
Elle caressa les herbes où le sang avait coagulé. Ses yeux redevinrent normaux, mais une profonde lassitude l'envahit.
Où était-il?

Narnia était couverte d'éraflures et de blessures, elle perdait elle aussi son sang, mais ne semblait pas s'en soucier. Elle leva les yeux et aperçut enfin la reine.
Narnia baissa la tête en signe de respect.

-Ma Reine! Je ne vous avait point vu! Veuillez me pardonner! Sa...Savez-vous où est Aldarion?

Dans la forêt régnait une atmosphère de tension. Mais comme un souffle d'espoir, la vision de la reine fit passer dans les yeux de Narnia une étrange lueur verte. Nahi se jucha sur l'épaule de Narnia, et observa intensément la Reine.

Galylée ordonna à ses gardes de séparer les Nains et les Barbares qui avaient apparemment reprit leurs esprits.

- Faites-les sortir d’ici et veillez à leur apporter ce dont ils ont besoin ! Vous deux, fit-il en désignant deux des siens, aidez le seigneur Arzok à se relever !

Les Deux Elfes prirent mille précautions tout en relevant lentement le Nain qui semblait on ne pouvait plus souffrant. Galylée se baissa devant lui :

- Seigneur Arzok ? Nous allons vous emmener dans un endroit calme où vous pourrez vous reposer…Seigneur Nain ?

***************

La pluie continuait à transir les soldats et la tunique blanche taché de sang de Natalya lui collait maintenant à la peau. La reine fut parcourue d’un frisson et dans sa main droite apparue Tearofhell qui disparue presque aussitôt dans un nuage de cendre comme un soudain retour en arrière dans l’esprit et la volonté de l’Ange. Les soldat commençaient a paniquer intérieurement. Si même la reine, le regard figé dans le vide, était autant affectée par les évènements, qu’allaient-ils devenir, eux qui étaient sous son commandement ?

Natalya avança d’un pas dans l’herbe boueuse et regarda Liane. L’Ange ne savait que faire ni que dire…Elle qui était si forte et pourtant si faible…Elle regarda ses mains couvertes de sang et se raidit lorsqu’elle entendit les gardes sursauter.
Narnia venait d’arriver et ils avaient été surpris par sa soudaine apparition silencieuse.

Citation :

Sa...Savez-vous où est Aldarion ?

La reine baissa la tête le regard à nouveaux dans le vide. Elle n’avait même pas salué la Sylve.
Faiblement, elle murmura de ses lèvres d’où perlaient d’innombrable gouttes d’eaux :

- Je ne sais quelles épreuves nous attendent Hydriappe…

Puis elle fit deux pas en avant le regard perdu dans l’herbe sanglante qu’elle foulait, elle s’arrêta et se tourna brusquement vers Narnia les yeux devenus complètement bleus.

- Le Seigneur Aldarion a été frappé par un mal dont j’ignore l’origine. Son flanc a été percé d’une lame et son corps glacé par je ne sais quelle magie. Apparemment un loup se promène parmi les camps et tue mais ce n’est certainement pas lui qui a blessé notre ami : quelqu’un s’est amusé…

La voix glaciale de la reine était effrayante : elle semblait soudainement être possédée d’une nouvelle force et d’après ses yeux, dangereuse…
Elle s’approcha de Narnia et plongea ses yeux dans les siens.

- Vous avez raison : libérez la colère de la forêt Narnia…Ne laissez plus aucune faille qui puisse être exploitée à Eliore.

Elle se tourna vers les gardes.

- Continuez de chercher d’éventuels autres blessés et trouvez cette bête.

Les gardes s’exécutèrent mais l’un d’eux resta sur place, tremblant de froid et de peur, il baissait la tête.

- Madame…Je…J’ai vu une ombre blanche non loin de ce lieu…Ce…C’est peut-être un Ange mort qui…qui a tué le Seigneur Elfe…

Natalya lui lança un regard interloqué. Que disait-il ? Un Ange mort en fantôme ? Absurde !
Mais une ombre blanche…

- Le Seigneur Aldarion n’est pas encore mort jeune homme. Dit-elle en jetant un coup d’œil à Narnia. Merci de nous parler de cette ombre blanche…Rassures-toi, les Anges morts restent morts ou reviennent sous une nouvelle forme. Les fantômes, je n’y crois pas et à moins d’en être moi-même un à vos yeux tu ne devrais pas y croire.

Le garde salua et s’en alla. Désormais, Liane, Narnia et elle étaient seules. La reine se tourna vers la tavernière.

- Liane qu’avez-vous vu ici ?